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Extraits

Galerie d'illustrations

de Christine Cufi

"Dessiner le Kathakalikat" : concours proposé aux élèves de l'Ecole des Etoiles des Cîmes de Ville-La-Grand (74)

Extrait de Chems et la Parade du Ciel-Feu

(chapitre 2 : Ciel-Feu)  

    Perché au sommet de sa tour, les jambes ballantes dans le vide, Chems resta ce soir-là plusieurs heures à contempler ce monde qui semblait lui appartenir. Son corps n’était pas celui d’un petit garçon normal, lui avait-dit la gouvernante. Sa silhouette était fine et fragile « une vraie taille de guêpe » avait-elle ajouté d’un air désolé. Ses longs cheveux noirs formaient comme une protection face à un monde qui l’impressionnait. Il avait toujours refusé de les couper. 


Ce soir-là, les étoiles illuminaient la voûte ténébreuse du ciel, et il sentait une brise fraîche sur son visage. Le temps d’un instant, ce fut comme s’il avait oublié sa difformité et son ennui. 


    Puis les pensées affluèrent, incontrôlables. « Un million de mensonges, voilà ce qu’ils me répètent, ces vieux sages, ces gens payés pour prendre soin de moi, murmurait le petit garçon, mais j’ai besoin de découvrir ce que l’on me cache ». De colère, il frappa le bitume de la tour. Une immense flamme apparut sous l’empreinte du poing avant de disparaître aussi soudainement qu’elle était née. Stupéfait, Chems eut un mouvement de recul. Se pouvait-il que sa rancune s’incarne dans le feu ? Il se mit à se frotter les mains frénétiquement, donnant naissance à des étincelles aussi belles que des feux d’artifices estivaux. Soudain, une idée lui traversa l’esprit. Une idée cruelle.


    Du haut de sa tour, Chems contemple le monde qu’il vient d’incendier. Le spectacle est grandiose et divertissant. Il ne pense pas aux cent serviteurs qui périssent dans les flammes, ni à la gouvernante en chef, qu’il pensait pourtant aimer comme une mère. Il ne pense pas à ses camarades de la classe de nuit. ni à tous les autres enfants qui ne se réveilleront plus jamais. Le seul sentiment qu’il ressent, au moment où le vent laisse apparaître des millions de corps sans vie au milieu des tours carbonisées, c’est le soulagement d’être enfin lui-même. Le crépitement de flammes le berce et il s’endort, prêt à se laisser emporter par la mort.

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